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La Caverne de Loki
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La Caverne de Loki
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31 juillet 2007

Une fois n'est pas coutume...

... du texte, pour changer.
Ceci n'est pas près de se répéter ^^

===== ===== ===== ===== =====



Le bon, la brute et le truand



« Calmez vous, voyons. »
Elle était paniquée, au bord de l’hystérie. Lui avait visiblement peur, mais parvenait à se contrôler
Elle : Elle se prénommait Anne. C’était une jeune femme d’une beauté indéniable, mais simple, sans artifices. Une petite brune aux yeux verts. Elle était d’un tempérament habituellement serein, mais les circonstances n’avaient rien d’habituelles.
Elle avait été kidnappée. Par qui ? Elle n’en savait rien. Pour quelle raison ? Elle n’en avait aucune idée. Elle faisait son footing matinal dans le parc quand quelqu’un s’est glissé derrière elle. Elle ne l’avait pas entendu arrivé ; elle ne l’avait pas vu non plus. Un choc sourd sur sa nuque, puis ce fut le noir. Quand elle reprit connaissance, elle se trouvait dans cette cave humide, fortement éclairée par un vieux néon de plafond, couvert d’une épaisse couche de poussière. Le sol était de terre battu, les murs de vieilles pierres grises, couverts de toiles d’araignée et de plaques de moisissure. La pièce ne comportait qu’une seule issue : Une lourde porte métallique verrouillée à l’aide d’une épaisse chaîne, maintenue par un cadenas. Quand elle comprit sa situation, elle s’était mise à hurler, tout en tambourinant sur la porte. Pendant une heure, peut-être plus. Il était difficile d’estimer le temps passé ; elle n’avait pas de montre. Elle s’était finalement calmée, parce qu’elle n’avait presque plus de voix, parce qu’elle était exténuée, toute ruisselante de transpiration dans son jogging gris, et parce qu’il le lui demandait.
Lui : Il était déjà là quand elle s’était réveillée. Prisonnier comme elle, sans doute, mais à vrai dire elle n’en savait rien. La panique s’était emparée d’elle avant qu’il ne lui ait adressé la parole. Depuis, il n’avait cessé de lui dire de se calmer, que c’était dangereux de crier, qu’il allait revenir si elle ne se taisait pas.
Tremblante, au bord de la crise de nerf, Anne l’observa. Concentrer son esprit sur quelque chose l’aiderait sans doute à retrouver le contrôle sur elle-même. C’était un homme brun, mince sans être maigre. Des muscles bien dessinés tendaient sa peau, parcourue de grosses veines. Il devait faire de l’athlétisme régulièrement, jugea la jeune femme. Elle avait du mal à lui déterminer un âge. Vingt, trente ans ? Peut-être plus ? Elle se demandait s’il n’était pas mineur, tout compte fait. Il avait des mains larges, rassurantes. Lorsqu’il lui avait tenu l’épaule, quand elle était en crise, elle avait apprécié son contact. Une pression ferme, mais sans brutalité, qui avait grandement contribué à son retour au calme.
Il ne parlait plus maintenant. Il l’observait en silence, tout comme elle le détaillait du regard. Il devait procéder à un examen réciproque, pensa Anne. Quoiqu’une fois encore, elle n’avait aucune certitude. Le regard de cet homme était indéfinissable. Deux pupilles grise, dans le vague. Il paraissait avoir peur, mais elle n’était pas sûre de savoir de quoi. Du kidnappeur, sans doute, mais quand il la regardait, parfois l’étrange pensée qu’il avait peur d’elle surgissait. C’était absurde, elle était terrorisée, et ne présentait aucune menace.
« Je m’appelle David, dit-il. »
Elle sursauta. « Anne. » Elle s’entendit répondre machinalement.
Son regard avait changé. Il la regardait plus intensément maintenant, comme s’il la jaugeait. Elle en conçu un léger malaise. « Où sommes-nous ? demanda-t-elle.
– Je n’en sais rien. Quand je suis arrivé ici, j’étais inconscient, comme toi.
– Et vous ne savez pas qui …
– Non, coupa David, qui avait deviné la question. Je n’ai pas vu son visage. Il est arrivé dans mon dos et m’a assommé. Il a fait pareil avec toi ? »
Anne acquiesça d’un hochement de tête.
Elle le vouvoyait et lui la tutoyait. Elle n’aimait pas ça. Cela la rendait encore plus mal à l’aise.
« Tout à l’heure, je ne suis pas sûre, commença Anne timidement, mais il me semble que vous m’avez dit que si je ne me taisais pas, il allait revenir.
– Oui, c’est ce que je t’ai dit. Tutoies-moi, s’il te plait, ajouta t’il rapidement. On est dans la même galère après tout.
– Je ne vous connais pas, lança t’elle d’un ton sec qui la surpris elle-même. »
L’homme éclata d’un rire franc qui acheva de la déstabiliser. « Je ne crois pas que ce soit le lieu et l’heure de se tracasser pour ça. On est deux, et on a tout intérêt à gamberger ensemble pour trouver un moyen de sortir d’ici. On peut laisser les civilités de côté, tu ne crois pas ?
– Vous avez … tu as sans doute raison, répondit-elle.
– Bien sûr que j’ai raison, dit il avec le sourire. Mais pardon, je crois que je t’ai coupé, tu voulais me demander quelque chose ?
– Pardon ? Ah ! Oui. Tu disais « il va revenir », ça veut dire qu’il est déjà venu ? »
David se renfrogna. Il avait cessé de la regarder, et fixait ses pieds. « Je crois.
– Tu n’en es pas sûr ?
– Je n’en sais rien. Je crois qu’il est venu plusieurs fois, mais je dormais, ou alors j’étais inconscient. Je ne sais pas exactement.
– Je ne comprends pas.
– Moi non plus figures toi ! »
Il semblait s’énerver. Il s’était pris la tête entre les deux mains, et fixait le sol entre ses genoux, recroquevillé, assis contre le mur opposé. Il luttait contre lui-même, pour retrouver son calme.
Elle n’insista pas.

Les heures défilaient, la dernière identique à la précédente. Le kidnappeur n’était pas réapparu. Ils étaient tous deux délaissés, dans un espace hors du temps. Faisait-il jour ou nuit dehors ? Anne aurait bien aimé le savoir.
David s’était endormi, en boule, dans un coin de la pièce. Elle était épuisée aussi, mais incapable de fermer l’œil. La lumière électrique du néon l’agressait. Elle avait cherché en vain un interrupteur, mais il devait se trouver de l’autre côté de la porte. Cette porte, elle l’avait examiné sous toutes ses coutures. Elle avait cherché à faire coulisser la chaîne. Entre le chambranle et la porte, il y avait un petit jour, suffisant pour passer les doigts et attraper le gros cadenas. Un crocheteur habile muni d’une épingle ou d’un trombone pourrait sans doute ouvrir le cadenas. Elle l’avait vu faire dans un film. Sauf qu’elle n’était pas dans un film, c’était réel. Et elle n’avait rien d’un expert en crochetage. Elle n’avait de toute façon ni épingle, ni trombone, ni rien d’équivalent. Elle préféra ne plus y penser.
Elle inspecta la chaîne. Elle était en acier, avec des maillons épais. Impossible de la briser sans outil. La chaîne passait par un trou dans le mur et un autre dans la porte. Anne tira dessus de toute ses forces. En vain. Elle scruta l’extérieur par le trou dans le mur par lequel passait la chaîne. Elle cherchait un indice qui lui permettrait d’avoir une idée, même vague, de l’endroit où elle se trouvait. Mais elle ne vit rien que les ténèbres. Elle y verrait peut-être quelque chose sans ce maudit néon, pensa t’elle.
La pièce n’avait aucune autre issue. Quatre murs de pierres grises, pas de fenêtres, pas même de conduit de ventilation. La chaleur commençait d’ailleurs à devenir gênante. Elle transpirait abondamment. Elle jeta un œil vers David. Celui-ci dormait toujours. Aucune auréole de sueur sous ses bras. Il n’avait pas l’air incommodé par la température.
Ses yeux se fermaient par intermittence. La fatigue commença à devenir insupportable. Elle était complètement vidée, et l’air lourd, chargé d’humidité, de la cave n’était pas pour arranger les choses. Elle devait se forcer à dormir. Au moins s’allonger et fermer les yeux.
Elle avait fait tout ça sans s’en rendre compte. Elle voyait toujours la lumière du néon au travers de ses paupières closes. Elle changea de position, se mit sur le côté, mais la terre battue était inconfortable.
La fatigue fut cependant la plus forte. Elle s’abîma dans un sommeil sans rêve.

Elle fut réveillée brutalement.
Deux mains la saisirent par le col de son jogging. Elle fut remise sur pied sans aucun ménagement. Eblouie par la lumière du néon, elle gardait les yeux mi-clos. Elle se trouvait encore dans cet état comateux, entre le sommeil, pas vraiment réparateur, et le réveil violent. Elle entendit un claquement sec. Puis une douleur farouche irradia sa joue gauche.
Le kidnappeur !
Anne fut projetée contre le mur. L’arrière de son crâne heurta la pierre. Le choc la réveilla tout à fait. Quand elle ouvrit les yeux, c’était pour voir David avancer vers elle. Son regard exprimait la haine. David ? Mais pourquoi ?
Pas le temps de réfléchir, il était déjà sur elle. D’un bras, il la plaqua contre le mur. De l’autre il lui asséna un coup de poing au plexus solaire. Anne tomba à genou, incapable de reprendre son souffle. Elle suffoquait ; elle luttait de toute ses force pour déplier ses poumons, pour avaler une goulée d’air. Elle pensa mourir. Ses yeux pleuraient, mais elle était incapable de proférer un son. Recroquevillée, tel un fœtus, elle frappait du poing contre la terre battue. Elle allait mourir ; cette pensée lui traversa l’esprit une bonne centaine de fois lors de ces secondes interminables. Et soudain, elle respira. Elle poussa un cri aigu, un cri de joie, étouffé par les sanglots.
David était resté planté près d’elle, la regardant se débattre. Anne avait devant ses yeux une paire de basket sales, et la peur reprit ses droits.
Aussi vite qu’elle pu, Anne se releva et se précipita vers la porte. Pourquoi ? C’était futile ; elle était verrouillée. Mais elle ne s’en rappela que quand elle tenta de l’ouvrir. Elle reçut un coup de pied dans les reins. Elle fut violemment projetée contre la paroi métallique. Elle sentit une substance poisseuse et salée emplir sa bouche. Elle saignait. La douleur l’immobilisa. Elle tentait de garder son équilibre, mais ses jambes lui faisaient défaut.
Il était de nouveau sur elle. Un nouveau coup, quelque part, une nouvelle douleur, elle ne savait plus.
Anne sombra dans l’inconscience.

Ses yeux s’entrouvraient doucement.
Mon dieu, faites que ce ne soit qu’un horrible cauchemar, songea Anne. Faites que ce soit fini.
Mais la souffrance était trop réelle. Ce n’était pas un cauchemar. Chaque parcelle de son corps lui était douloureuse. Elle était bien incapable de bouger. Sa langue avait gonflée ; elle ne pouvait pas parler.
Elle chercha David du regard. Il était assis en face d’elle. Il la dévisageait bizarrement. Anne sentit un frémissement d’horreur lui parcourir l’échine. Elle tremblait, en prise avec une peur féroce. La voilà emprisonnée avec un homme qui pouvait la tuer d’un instant à l’autre, et elle serait impuissante à se défendre.
David se leva. Anne se sentit défaillir, croyant sa dernière heure venue. Mais cela ne devait pas être le cas. Elle sentit un goulot de plastique à ses lèvres.
« Tiens, bois. »
Anne but abondamment à la bouteille d’eau minérale tendue par David. Même si chaque gorgée lui faisait mal à la gorge, elle en ressentit un bien immense. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas bue depuis qu’elle se trouvait enfermée, et cela faisait probablement plus de vingt-quatre heures déjà.
David posa la bouteille près de la jeune femme, puis retourna s’asseoir en face d’elle, de l’autre côté de la pièce.
Anne se sentit – un peu – mieux. Boire lui avait redonné quelques forces. Elle voulut se redresser. Sa tête tournait ; elle crut qu’elle allait vomir. Mais son estomac fut solide, et, lentement, elle réussit à se tenir assise contre le mur.
Anne fit un bilan de son état physique. Elle n’allait pas trop mal, pensa t’elle. Certes, elle pourrait aller bien mieux : Elle s’était mordu la langue, celle-ci avait doublée de volume. Elle ne pouvait pas bouger le bras gauche sans qu’il ne lui cause d’atroces souffrances : le poignet était certainement cassé. Enfin, elle avait des contusions un peu partout. Mais cela aurait pu être bien pire ; elle était vivante, et elle pouvait se déplacer. Apparemment ses jambes étaient encore fonctionnelles. Meurtries, couvertes d’ecchymoses, mais elles devraient pouvoir supporter son poids.
Anne avait de nouveau soif. Elle tendit la main vers la bouteille d’eau. Elle interrompit son geste. Ses yeux écarquillés fixaient le récipient en plastique. Quelque chose n’allait pas.
D’où venait la bouteille ?
La cave était vide, pas de meubles, pas de recoins, pas de cachette. Où David avait il eu cette eau ? Le kidnappeur était il venu leur rendre visite lorsqu’elle était inconsciente ?
Le kidnappeur …
Le malaise s’empara d’Anne. Une terrible, une horrible pensée commençait à germer dans son esprit. Elle regarda David. Celui-ci n’avait cessé de la fixer, la mine anxieuse. Anne se demanda à quoi pouvait bien penser cet homme en ce moment précis.
D’où venait la bouteille ?
Etait il possible que David soit sorti de la pièce ? Etait-il possible qu’il soit complice du kidnappeur ?
« Tu vas mieux, dit il tout à coup. Tu as repris des couleurs. »
Anne ne répondit pas. Elle tremblait.
David se leva et vint s’asseoir près de la jeune femme. Anne se mordit la lèvre pour ne pas hurler. La panique la paralysait.
« Tu n’as pas à avoir peur de moi. »
Elle le regarda, incrédule. Il se fichait d’elle ?
« Je suis désolé. »
D’incrédule, Anne devint furieuse. Vraiment ? Et tu crois que cela change quelque chose, espèce de salaud ? Crois-tu seulement que je puisse te pardonner ce que tu m’as fait ?
« Je ne comprend pas. »
Elle ne l’écoutait presque plus. Elle avait trop d’émotions différentes à combattre en elle.
« Je ne comprend vraiment pas comment il a pu te faire ça sans que je me réveilles. J’aurais pu te protéger. Essayer du moins. Je suis vraiment désolé, je te demande pardon. »
David s’effondra en larmes.

Les heures s’étaient écoulées dans le silence, à peine perturbé par les sanglotements de David. Il disait la vérité. Anne ne savait pas pourquoi, mais elle en était convaincue.
Et cela l’horrifiait.
Elle aurait voulu le haïr, mais elle ne s’en sentait pas le droit. Car cet homme qui pleurnichait près d’elle ne mentait pas. Il ne savait pas ce qu’il avait fait. Elle ne savait plus si il l’avait fait. Elle ne savait plus que croire. Elle n’arrivait plus à réfléchir.
Elle devenait folle.
Elle but un peu d’eau. Au goulot d’une bouteille qui n’aurait pas dû être là.
Elle essaya de ne plus penser à rien, de faire le vide dans sa tête. Il était impératif qu’elle se ressaisisse. Si elle basculait dans la psychose, elle était perdue.

===== ===== ===== ===== =====

Non, il n'y a pas de "à suivre"
N'insistez pas ^^

.

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Commentaires
P
Elle fait peur ton histoire :-p
Répondre
L
J'ai déjà reçu un coup de poing dans le ventre qui m'a couper le souffle pendant quelques secondes.<br /> Ce passage là n'a pas été difficile à décrire, ce genre de passage, on s'en souvient ^^
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C
Hé bien, la description quasi médicale est surprenante. Personnellement, j'ai du mal à décrire les choses avec autant de précision sans les avoir vécues. Autrement dit, il y a peu de chance que j'écrire ce genre de chose, à part bien sûr une séance de jogging !
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L
Tu as eu le courage de tout lire ?<br /> Je suis impressionné, huhu ^^
Répondre
D
super!!
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